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Cote document
723
Cote KBR
KBR/Felix X/1 723 C Mus.
Date
08/02/1857
Année
Type
Article
Expediteur
deest
Destinataire
deest
Nature des travaux
Restauration
Orgue (lieu)
Tourcoing, Saint-Chrisophe
Titre
Article de «L'indicateur de Tourcoing et Roubaix»
Vedettes: personnes, lieux, objets
Personnes
Bach, Johann Sebastian; Célestin, S.; Delahaye, Étienne; Lambillotte, père Louis; Mailly, Alphonse
Lieux
Bruxelles, Notre-Dame du Finistère; Cambrai; Tourcoing, Saint-Christophe
Objets
Transcription du document
Doc. 723

L'Indicateur de Tourcoing et de Roubaix. 8 février l 857.

 

À Monsieur le Rédacteur de l'Indicateur de Tourcoing et de Roubaix.

 

Monsieur le Rédacteur,

N'ayant fait que passer dans votre ville, au moment où avait lieu l'inauguration de l'orgue de Saint-Christophe et ayant été assez heureux pour entendre ce bon instrument, il m'a été difficile, pour ne pas dire impossible de vous communiquer mes impressions et mes convictions touchant les deux artistes dont la ville de Tourcoing a pu apprécier le grand talent. Seriez-vous donc assez bon pour les insérer dans votre prochain numéro. . . 

Je n'ai d'autre vue, dans ce petit article, que de rendre hommage à la vérité et d'encourager le talent.

Je vous prie, Monsieur le rédacteur, de recevoir mes salutations empressées.

S. Célestin, de Cambrai.

 

J'en ai été le témoin, monsieur le Rédacteur, l'orgue de St-Christophe a été entendu à la grande satisfaction de tout le monde.

Dans cet important travail comme dans tous les ouvrages du même auteur, il est facile de reconnaître l'artiste habile dont le Père Lambillote a dit: «Cet homme est certainement un des plus grands facteurs qui existent.» (*)

En effet, l'orgue de St-Christophe, restauré par M. Loret, est aujourd'hui un excellent instrument. On peut, sans contredit, le mettre au rang de tout ce qu'il y a de meilleur dans ce genre. II a de la force sans dureté, de la douceur sans mollesse. La grande variété des timbres, la belle harmonie de leurs sons ont causé la plus vive satisfaction.

Parmi les morceaux exécutés par M. Alphonse Mailly, on a surtout remarqué les grandes compositions de J.-S. Bach, rendues avec une rapidité surprenante et néanmoins avec une clarté extrême, ce qui n'est pas un mérite médiocre pour le facteur qui est parvenu à faire parler les plus grands tuyaux avec cette promptitude remarquable. Toutefois, pour être vrai en tout, on pourrait peut-être reprocher à la pédale de manquer d'un peu de puissance;

mais, nous le savons, l'obligation imposée à M. Loret de conserver les jeux existants, et la mauvaise sonorité de l'église de St-Christophe, sont les seules causes du défaut que l'on pourrait trouver dans cet instrument.

Il ne peut être imputé au facteur; honneur donc lui soit rendu pour son beau et excellent travail!…

Avant de terminer cet article, je croirais manquer à un devoir si je ne disais pas quelques mots sur le beau talent de M. Mailly qui a bien voulu se rendre à l'invitation du digne et vénéré doyen de St-Christophe, pour faire entendre toutes les ressources de l'instrument qui désormais sera un des plus beaux ornements de cette église.

Avec quel bonheur M. Mailly a été entendu! Il a été surtout ravissant lorsque, passant en revue tous les timbres qui composent le bon orgue de M. Loret, il s'est arrêté particulièrement aux jeux de récit. Ce n'était pas seulement de belles voix humaines que l'on croyait entendre alors, mais bien des voix célestes.

Les improvisations du savant organiste de Notre-Dame du Finistère ont été on ne peut plus heureuses. Toutes se faisaient remarquer par un caractère religieux que l'on voudrait toujours rencontrer dans les musiques de l'Église.

M. Mailly ne s'est point borné à nous faire entendre ses productions, il a su rendre avec autant de talent les compositions des grands maîtres. Interprétées par un artiste aussi distingué les œuvres des plus célèbres compositeurs ne pouvaient que gagner à être entendues.

On s'en est convaincu; tous les genres de musique sont familiers à M. Mailly; toutefois on a pu s' apercevoir que le sévère était son genre de prédilection et nous l'en félicitons sincèrement, parce qu'il est le seul qui convienne aux offices majestueux de l'Église.

 

(*) Le Père Lambillotte devant faire un ouvrage sur tout ce qui compose l'orgue, avait, à ce sujet, visité et touché les orgues les plus importantes de l'Europe, et c'est au retour de ce voyage que, faisant partie d une commission chargée de se prononcer sur un orgue sorti des ateliers de M. Loret, il porta ce jugement qui fait tant d'honneur à cet artiste distingué.

Le Révérend Père, on le sait, était compétent dans cette matière.»

 

Note JPF en bas de page: comm. E. Delahaye
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